Les
maisons de la Culture sont des équipements culturels initiée par
André Malraux, comme Ministre des Affaires culturelles.
Historique
Le terme apparaît dans les années 1930, dans la bouche d'
André Malraux et
Gaétan Picon, militants de la Ligue des intellectuels contre le fascisme.
Nommé ministre des Affaires culturelles en 1958, Malraux relance cette notion, en l'évoquant au Festival de Cannes de 1959, à travers les ciné-clubs qui devaient y prendre place. Le 17 novembre suivant, il annonce aux députés qu'une par département devrait voir le jour avant 3 ans, afin que « n'importe quel enfant de 16 ans, si pauvre soit-il, puisse avoir un véritable contact avec son patrimoine national et avec la gloire de l'esprit de l'humanité »
En mars 1961, la Commission de l'équipement culturel et du patrimoine artistique du IVe Plan acte l'ouverture de vingt ans en quatre ans. Dès lors, Malraux en fait la pierre angulaire de sa politique, « modernes cathédrales », pour rendre effectif l'objectif de « rendre accessible à tous les chefs d'oeuvres de l'Humanité » mentionné dans le décret de création du Ministère des Affaires culturelles.
Face à un ministère naissant et la faiblesse des budgets, il faut donc rapidement affirmer la légitimité de l'action culturelle en ouvrant les premiers lieux. Le chantier du déploiement est confié à Émile Biasini, directeur du théâtre, de la musique et de l'action culturel en décembre 1959. On profite des projets déjà engagés pour les faire inclure dans le nouveau concept, au prix de lieux mal adaptés, et un ensemble hétérogène. On s'appuie également sur les structures déjà existantes en province, particulièrement les théâtres nés de la décentralisation dramatique, du fait de la proximité des missions et de leur bonne implantation sur le terrain. Mais Roger Planchon à Lyon, et Hubert Gignoux à Strasbourg déclinent la proposition pour se concentrer sur le théâtre.
La première est inauguré, sous la direction de Reynold Arnould en 1961, au Havre, initialement prévue pour être un musée, obligeant les spectacles à se dérouler sous un chapiteau. À Bourges, en 1963, le palais des congrès resté inachevé en 1939, est réaménagé pour en accueillir la Comédie de Bourges de Gabriel Monnet, labellisée également centre dramatique national. Le ministère achète à Paris un ancien cinéma pour y installer le Théâtre de l'est parisien et Guy Rétoré. À Caen, on profite de la reconstruction du théâtre municipal rasé par la Libération pour élargir ses ambitions sous l'égide de Jo Théhard.
Mais en 10 ans, seules sept sont effectivement ouvertes.
Le concept
Le concept de la Maison de la Culture s'inscrit à la fois dans l'engagement d'une politique de
Décentralisation culturelle, partiellement débutée sous le
Front populaire et la Quatrième république, et dans la pensée malrucienne du choc esthétique. L'idée est de créer à travers la France, des structures d'accueil pour la diffusion sur tout le territoire, et non plus seulement à Paris, de la culture savante, auprès du public le plus large.
La définition est confiée à Pierre Moinot qui décrit, en mars 1961, dans le cadre du plan quinquennal pour la culture, décrit un lieu pluridisciplinaire de rencontre entre l'homme et l'art pour faire « naître une familiarité, un choc, une passion, une autre façon pour chacun d’envisager sa propre condition. Les oeuvres de la culture étant, par essence, le bien de tous, et notre miroir, il importe que chacun y puisse mesurer sa richesse, et s’y contempler. » Il forge l'idée d'une « rencontre intime » par la confrontation directe avec l'oeuvre, sans « l’écueil et l’appauvrissement de la vulgarisation simplificatrice », en dehors d'une médiation artistique.
Contrairement aux autres structures déjà conçues, les maisons de la Culture ne sont pas spécialisée, elles doivent abriter aussi bien les représentations théâtrales, que des ballets, ou des expositions d'art. Fidèle à la conception de Malraux, elles excluent toute médiation culturelle privilégiant la confrontation directe aux oeuvres.
Le projet est fortement critiqué. D'abord, les structures sont implantées sans réelles discussions avec les collectivités locales, qui doivent pourtant cofinancer pour moitié l'équipement. De plus, les premières, pour une ouverture rapide, prennent place dans des projets qui ne sont pas conçu originellement pour la polyvalence. Ainsi, la maison de la Culture du Havre ouvre dans un musée, celle de Caen dans un théâtre, celle de Bourges et Thonon dans des palais des congrès, et le Théâtre de l'est parisien, dans un cinéma.
De ce fait, 3 villes profitent de la contestation de 1968 pour reprendre possession des maisons de la Culture, à Caen, Firminy et Thonon.
De plus, on reproche aux maisons de la Culture, comme à l'ensemble de la politique malrucienne, leur conception élitiste de l'art. Ainsi lAppel de Villeurbanne, réunissant des directeurs de maisons de la culture et de théâtres publics, prône un théâtre engagé et politiqué, avec une véritable politique de médiation.
Héritage
En 1991, les Maisons de la Culture ont été regroupées avec les Centres d'animation culturelle et les Centres de développement culturel au sein du label
Scène nationale, par Bernard Faivre d'Arcier, poursuivant ainsi les préceptes de pluridisciplinarité, de décentralisation et d'action locale. Ainsi, par la permanence de cette volonté de polyvalence culturelle et par l'ouverture de structures « spécialisées » à d'autres arts, Augustin Girard affirme que la maison de la Culture, longtemps considérée comme un échec, est finalement un succès, le concept ayant dépassé les lieux originels.
L'implication des collectivités locales a également permis une prise de conscience des édiles locaux de l'importance d'une politique culturelle locale, initiant la municipalisation de la culture et la décentralisation, qui prennent leur essor dans les années 1970.
Aujourd'hui, seules quelques établissements ont conservé le titre de « Maison de la culture », comme à Amiens, Grenoble, Bobigny et Nevers.
Notes et références
..
Sources
Voir aussi
- Décentralisation théâtrale
- Maison des jeunes et de la culture